Publié le 29 Oct 2013 - 15:02
MANDAT DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

 Les 5 ans de rigueur

 

Alors que des voix au sein de l'Alliance pour la République (APR) continuent de demander au président de la République de maintenir les 7 ans, le Premier ministre soutient l'idée contraire. Face aux députés de l'Assemblée nationale hier, lors de sa déclaration de politique générale, Aminata Touré a affirmé que ''le président tiendra sa promesse'' de réduire son mandat à 5 ans. Selon Mimi Touré, la question ne se pose plus et sera soumise au peuple par voie référendaire ou au députés par voie parlementaire. Elle répondait au député non inscrit Khadim Thioune, qui s'interrogeait sur le ''mutisme'' du gouvernement par rapport au mandat du président. Mais à l'APR, tout le monde n'est apparemment pas sur la même longueur d'ondes concernant cette question. De hauts cadres de ce parti soutiennent mordicus que ''le mandat ne sera pas réduit'' et que Macky Sall fera les 7 ans. ''On ne peut rien faire en 5 ans, avance-t-on. On a déjà fait deux ans, et nous n'avons pas encore réalisé grandchose'', arguent nos interlocuteurs.

Pour faire passer cette option, ces cadres semblent avoir déjà peaufiné le modus operandi. Déjà, la voie référendaire semble exclue : ''Nous allons soumettre la question à l'Assemblée nationale et la proposition sera rejetée. Nous avons la majorité'', déclarent nos confidents. Si c'est le cas, ce serait un coup dur porté à la Commission nationale des réformes institutionnelles (CNRI) dirigée par le président Amadou Makhtar Mbow dont la question a été soumise à son appréciation. D'ailleurs, les conclusions des travaux de la CNRI devraient être rendues en décembre prochain.

Ambiance sereine

Il faut relever que contrairement aux autres exercices du genre, la DPG d'hier s'est faite dans une ambiance très sereine. Presque bon enfant. Au bout de 7 heures de temps et de près 80 interventions, aucune attaque malveillante n'a été notée de la part des députés de l'opposition, notamment de la part de Me El Hadji Diouf. Très critique habituellement à l'endroit de Mimi Touré, le député non inscrit a été très ''soft'' à la tribune et s'est contenté juste d'interpeller le chef du gouvernement sur ''la réduction du coût de la vie ; la baisse du prix du loyer''. Estce lié à son temps de parole (une minute) ? Même le député libéral Oumar Sarr, d'habitude incisif, s'est fait très discret, hier. Le coordonnateur du Parti démocratique sénégalais (PDS) a observé le silence durant toute la séance et est même sortie de l'hémicycle avant la fin de la séance, en dépit du fait qu'il lui est reproché une ''mauvaise gestion'' par un de ses collègues alors qu'il était aux affaires. ''Je laisse la parole à Modou Diagne Fada'', président du groupe parlementaire ''Libéraux et démocrates'', a lancé l'ancien ministre de Wade aux journalistes massés dans le

hall avant de s'engouffrer dans son véhicule. Oumar Sarr a-t-il voulu éviter de croiser le fer avec celle qui a été son épouse, Mimi Touré ? En tout cas, l'opposition parlementaire aura fait preuve d'une sorte de gentleman agreement vis-à-vis du Premier ministre même si la député Fatou Thiam a jugé la DPG ''incolore, inodore et sans saveur''. Entre remerciements, encouragements et griotisme, Mimi Touré aura réussi à dérouler son discours sans trop de ...bobo. Surtout qu'elle avait le soutien des femmes de la coalition ''Macky 2012'' qui ont pris d'assaut les gradins dès les premières heures. Ce, pour éviter ''tout sabotage'' par l'opposition comme cela a été le cas lors du passage de son prédécesseur, Abdoul Mbaye. Et pour détendre l'ambiance, Mimi Touré s'est parfois voulue provocatrice à l'endroit des députés. Ce qui ne semble pas lui réussir. De quoi susciter ce commentaire : ''Elle est tellement sévère que même si elle taquine les gens, ça ne passe pas.''

 

DAOUDA GBAYA

 

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