‘’Il n’y a pas de calcul à faire’’

Tout y est passé ! De la bonne humeur de l’équipe, de la danse des joueurs à l’entraînement, de l’enjeu du match d’aujourd’hui… la presse présente au centre d’entraînement a fait une grande revue de l’avant-match contre la Colombie avec l’entraîneur du Sénégal Aliou Cissé. Extraits.
On voit votre équipe danser à l’entraînement et en célébrant ses buts alors que le football est quelque chose de très sérieux. Quel commentaire vous en faites ?
Je crois que c'est culturel chez nous. Etre en joie, en paix, l’hospitalité, le bonheur, cela fait partie de nous. On peut danser lors des buts marqués et être sérieux sur le terrain. Le football, ce n’est pas une question de vie et de mort comme vous le dites. Chez nous, c’est comme ça.
Que pouvez-vous nous dire sur le style de jeu de la Colombie ?
Je pense que les deux équipes ont les mêmes styles de jeu, avec de l’engagement et de la vitesse. C’est une équipe qu’on connaît, qu’on a déjà affrontée en amical en 2014. Je pense que ce sera un match très disputé, très intéressant, où les deux équipes sont capables de faire partie du top 16 de ce tournoi. C’est vrai qu’ils peuvent nous causer des problèmes, mais nous aussi, on a des arguments à faire valoir. Et demain (ce jeudi), on saura bien les jouer.
Ils ont mis beaucoup d’impact sur les duels. Ils sont engagés. C’est pareil pour nous. La Colombie a un milieu très fort, avec un joueur capable de sortir des ballons, Quintero. Nous aussi, on a des joueurs capables de garder l’impact, d’être dans la coupure du temps et de performer. La bataille du milieu sera déterminante. La Colombie est aussi capable de contourner, de passer sur les couloirs etc., c’est pourquoi je pense qu’il y aura du spectacle.
Avec le même scénario qu’en 2002, parlez-vous de cet exemple avec vos joueurs. Leur dites-vous que c’était pareil pour vous, il y a 16 ans ?
C’est plus que possible de se qualifier. On a quatre points, la Colombie doit nous battre pour se qualifier. Nous sommes capables de la battre. Notre état d’esprit n’a pas changé, nous allons prendre les matchs les uns après les autres. Il n’y a qu’une seule option aujourd’hui, c’est d’aller en huitième de finale. Il n’y a pas beaucoup d’équipes qui ont plus de quatre points aujourd’hui. Peu d’entre elles ont obtenu six points en deux matchs. Nous avons notre capital de confiance avec nous. Et pour aller en huitième de finale, cela passera par la Colombie.
Comparez, s’il vous plaît, les adversaires de ce groupe ?
Ce sont des matchs internationaux, difficiles. C’est différent. Contre le Japon, on a bien commencé, on a marqué puis on a reculé. Mais on a appris les leçons de ce match. Contre la Pologne, c’était différent, on a utilisé un autre système, une autre façon de jouer parce qu’une autre entité de jeu est une autre culture de jeu. Ce sera différent face à la Colombie et d’ailleurs, c’est le charme de ce groupe parce qu’il y a l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Sud. Nous savons que la Colombie est l’un des meilleurs de ce football mondial mais le Sénégal fait également partie des meilleurs en Afrique. Donc, nous allons vers une très belle confrontation.
Est-ce une pression d’être le seul espoir d’Afrique dans cette Coupe du monde ?
La réponse de Kalidou Koulibaly résume tout.
Qu’est-ce qui vous préoccupe dans l’équipe colombienne ?
Je n’aime pas trop parler de l’adversaire. Je suis entraîneur du Sénégal. Mais pour être bref, oui, la Colombie a des individualités comme James, Falcao. C’est une équipe capable de jouer en attaque rapide et placée, c’est une belle équipe, techniquement. Nous savons que c’est un match difficile qui nous attend. Aujourd’hui, on va entrer sur le terrain avec l’intime conviction de se qualifier.
Je n’ai aucune raison de penser que le Sénégal ne peut pas se qualifier. On est dans le bon tempo, même si on pouvait envisager de prendre trois points contre le Japon ; mais même cela ne nous garantissait rien. Il n’y a pas beaucoup d’équipes qui ont six points. Nous sommes conscients des enjeux, nous travaillons parce que nous avons envie de nous qualifier. La motivation est là, la confiance aussi. On sait que ce sera 90 minutes pour rentrer dans l’histoire et nous sommes conscients de cela.
Sentez-vous vos remplaçants aussi motivés que les titulaires ?
Vous savez, il y a 1 500 joueurs sénégalais professionnels. Je me répète encore, choisir 23 joueurs pour la Coupe du monde doit les rendre, ces joueurs-là, fiers. C’est un privilège de porter le maillot de l’équipe nationale du Sénégal. Mon rôle, c’est d’en prendre 11 par match. Aujourd’hui, quand on porte ce maillot, qu’on est en Coupe du monde et qu’on n’est pas concerné, il y a des questions à se poser. Cela fait un mois qu’on travaille ensemble, ils sont tous concernés. Maintenant, je n’ai jamais vu un joueur qui ne joue pas et qui en est heureux. Mais c’est ainsi le football.
Un match nul peut également qualifier le Sénégal. Quel sera l’objectif ?
Tous les matchs, nous les abordons pour les gagner. Il n’y a pas de calculs à faire. Demain (ce jeudi), quand on entre dans le terrain, la consigne, c’est de jouer pour gagner.
Qu’est-ce qui sera déterminant dans ce match ?
La concentration est importante. Le haut niveau, ce sont des détails. Nous devons redoubler de vigilance sur les balles arrêtées, mais aussi dans la construction du jeu. On les a affrontés en 2014, on les connaît, on connaît leur force. Nous sommes premiers de notre poule. Il leur faut nous battre et ce ne sera pas facile de battre le Sénégal.
Baldé Diao, qui ne joue pas depuis le début de la Coupe du monde, peut-il être ce héros de la dernière minute ?
C’est un très bon joueur qui fait ses preuves en club. Il a beaucoup travaillé pour arriver à ce niveau-là. Maintenant, je compte sur mes 23 joueurs comme je le dis toujours. Il y a eu des choix faits, mais je crois qu’effectivement, quand il va entrer sur le terrain, il apportera ce qu’on attend de lui. J’ai énormément confiance en lui, je sais qu’il a des qualités pour débuter. Mais ce sont des choix par rapport à un schéma tactique qu’on a mis en place. Mais il ne démérite pas. Il peut commencer comme il peut rentrer en cours de jeu.
Comment va Mbaye Niang après sa sortie sur blessure ?
Rien de grave ! Il avait pris un coup sur un corner, mais ça va, il va bien. Je pense qu’il sera prêt demain.
Boubacar Keita (envoyé spécial)