L'homme qui murmurait aux oreilles de Senghor, Diouf et Wade

Il est sans doute l'un des prétendants les plus sérieux au perchoir à l’Assemblée nationale. Moustapha Niasse a vécu très proche de tous les chefs des régimes politiques successifs qui ont dirigé le Sénégal. Un riche parcours national et international qui pèse sur la balance. De faiseur de roi au grand bénéfice d'Abdoulaye Wade en 2000, dans une certaine mesure au profit de Macky Sall le 25 mars 2012, Moustapha Niasse devrait, selon toute vraisemblance, être fait régent de la place Soweto. Du moins si ses challengers déclaré, Moustapha Cissé Lô, ou embusqué comme Ousmane Tanor Dieng, ne s'avisent de commettre un crime de lèse-majesté.
Né un 4 novembre 1939 à Keur Madiabel, région de Kaolack, Niasse est arrivé respectivement 3ème et 2ème aux présidentielles de 2000 et de 2012. Aujourd’hui âgé de 73 ans, le leader de l’Alliance des forces du progrès (AFP), fait figure d'homme expérimenté, et de sage qui, doublé de son poids politique et financier indéniable. Il ne boude pas le plaisir d'avoir conduit la coalition Benno Bokk Yaakaar à la victoire aux dernières législatives, même s'il se défend de n'avoir ''rien demandé''. Il attend sans signe nervosité publique d'être installé à la tête de l'Assemblée nationale, en dépit des cris d'orfraie, foucades et chantages d'un des fidèles lieutenant du président Macky Sall.
Niasse au perchoir de l'Assemblée nationale, c'est, à défaut du fauteuil de la présidence de la République, un signature historique dans son Cv politique riche de l'exercice de la fonction de Premier ministre par deux fois. Études au lycée Faidherbe de Saint-Louis, puis à l'université de Dakar avant d’aller à Paris, le patron de l’AFP est également diplômé de l’École nationale d’administration du Sénégal. Il a été nommé, à 29 ans, directeur de cabinet du président Léopold Sédar Senghor. Puis, il a été ministre de l'Urbanisme, de l'Habitat et de l'Environnement en mars 1979, pour 6 mois seulement, avant de se voire confier le département des des Affaires étrangères le 19 septembre de la même année. Quatre ans après, précisément en avril 1983, il sera nommé Premier ministre du Sénégal par le successeur de Senghor, le président Abdou Diouf. Mais ce sera pour juste pour 1 mois. Dix berges après, en 1993, le Salou-Saloum reviendra au ministère des Affaires étrangères jusqu’en juillet 1998, année où est nommé représentant du Secrétaire général des Nations unies dans les pays des Grands lacs.
Proches collaborateurs de Senghor, Diouf et Wade
Proche collaborateur du président Senghor qui préféra Diouf pour sa succession, Niasse qui nourrissait l'ambition de remplacer ce dernier au Parti socialiste (PS) et à la tête du Sénégal déchantera. C'est Ousmane Tanor Dieng qui tient la corde. S'en était trop pour le baron socialiste qui claque la porte en 1999 pour fonder l’Alliance des forces du progrès (AFP), lequel arrive en troisième position au premier tour organisé du scrutin du 27 février 2000 avec 16,8 % des suffrages. Abdoulaye Wade sera contraint de le nommer Premier ministre après sa victoire sur Abdou Diouf. L'idylle avec Wade prend fin en mars 2001.Tout compte fait, le candidat à la présidence de la 12ème législature a été cœur des affaires de l'État aux côtés des trois premiers présidents qu'a connus le Sénégal. Cela s'appelle un homme d'État. Coalisé aujourd'hui au président Macky Sall qui a son propre parti politique, Niasse fait cependant face à une adversité de militants de l'APR qui revendiquent le perchoir.
Amadou NDIAYE