Publié le 20 Sep 2013 - 15:18
MOUVEMENTS CITOYENS OU POLITIQUES

Une nouvelle forme de transhumance ?

 

 

Après la débâcle de mars 2012, les libéraux ont inventé une nouvelle manière de ressusciter. Le Pds n'étant plus attractif et devant affronter le dur purgatoire de l'opposition, d'anciens hauts responsables ont choisi de mettre en place des mouvements politiques qui, au finish, pourraient bien se transformer en appendices du pouvoir. Le jeu de reniement a déjà commencé...

 

 «Nous ne sommes pas pour une recomposition de la famille libérale qui viendrait aujourd’hui disloquer Benno Bokk Yaakaar. Nous voulons que Macky Sall renforce sa majorité (Benno Bokk Yaakaar)», a déclaré Thierno Lo, leader de l’Alliance pour la Paix et la démocratie (And Gëm Sà bopp) dans une interview accordée au journal Le Quotidien. L’ancien ministre sous Wade aura donc dérouté son monde. Celui qui, il y a quelque mois, s’était illustré dans une opposition radicale contre le Président Macky Sall, a fini par changer de fusil d’épaule et s’érige dorénavant en souteneur du programme Yoonu Yokkute, du moins pour la version agriculture. En continuant d'entretenir le mystère autour de son avenir politique après avoir été radicalement Pds - «si aujourd’hui je voulais aller à l’Apr, je ne demanderais l’autorisation à personne» - Thierno Lô ne contribue pas forcément à instaurer la visibilité dans l'espace politique.

Si sous l'ancien régime du président Abdoulaye Wade, certains trouvaient un malin plaisir à créer de toutes pièces des partis politiques pour ne jamais se mesurer électoralement, aujourd'hui, l'épidémie de partis est toujours là, mais une nouvelle tendance a vu le jour. Qui consiste à mettre en place un mouvement politique ou citoyen, c’est selon, non seulement pour couper tous liens ombilicaux avec le parti d'origine, mais aussi et surtout pour être dans une nouvelle «vie».

La méthode frappe chez les anciens hauts responsables du Parti démocratique sénégalais. Et Thierno Lô n'est pas isolé dans ce cas. Aliou Sow, par exemple. Initiateur du Mouvement patriotique pour le développement (MPD/Liggey), l’ancien ministre des Collectivités locales, depuis la chute du régime libéral, s'est nettement démarqué du Pds avec sa contestation du leadership octroyé à Oumar Sarr par Me Wade après la débâcle de mars 2012.

Même s’il a annoncé récemment la «transformation» de son mouvement en parti politique, Aliou Sow se montre de moins en moins critique vis-à-vis de Macky Sall. Au contraire, son discours sur le chef de l'Etat a également changé après le chaos de la dernière présidentielle. «Qu’on le veuille ou pas, Macky Sall est un des héritiers de Wade. Il n’y avait pas un problème Macky Sall - Abdoulaye Wade, mais entre Macky Sall et ses concurrents du Pds. Ils ont voulu utiliser Abdoulaye Wade comme arme en l’opposant à lui. Je lui avais dit cela en son temps. Wade avait de l’affection et de la confiance pour Macky Sall, pour lui avoir tracé tout ce chemin-là», déclarait-il dans le quotidien «Le Pays» en juillet 2012. Coopératif à souhait, Aliou Sow trouve que «le gouvernement (d’Abdoul Mbaye ) est meilleur que le précédent» (celui de Wade).

Même sur la promesse non tenue d'un gouvernement pas pléthorique, le président de la communauté rurale de Djognick se montre compréhensif. «Le Président Macky Sall s’était engagé à ne pas dépasser un gouvernement de 25 ministres. Mais, nous pouvons ne pas lui en tenir rigueur car (même) s’il doit (le) remanier chaque semaine pour donner des résultats, il a notre bénédiction», a-t-il soutenu dans les colonnes du journal Libération en novembre 2012.

 

L’Elan de Sitor Ndour sera-t-il brisé ? 

Que dire de Sitor Ndour ? L’ancien patron du Coud, qui a quitté le Pds pour mettre en place le mouvement dénommé Energie libérale pour une avancée nationale (ELAN), veut tracer son propre chemin. Après quelques mois d’opposition, l’homme semble déjà en avoir assez de sa posture d'opposant. Aujourd’hui, il ne cache pas son souhait de rejoindre le camp présidentiel. «Tôt ou tard, le président de l’APR va m’appeler au téléphone, parce que je lui ai montré des preuves de fidélité», a-t-il déclaré avec certitude au cours de l’émission Sortie sur Walf Tv. Mais Sitor risque de voir son…Elan brisé par les partisans de Macky qui voient en lui un «traître» qui a lâché son «ami Macky» au profit de Wade en 2009. Ce dont il se défend, lui l’ancien ministre porte-parole de la Présidence. «Il (Macky Sall) m’avait dit qu’il n’était pas intéressé par la mairie et que je pouvais me présenter. Alors, il m’a proposé pour le poste. Mais à la veille des joutes, il est revenu sur sa décision en me demandant de lui laisser la mairie.»

Même s’il se réclame toujours du Pds, Habib Sy, l’ancien directeur de cabinet de Wade, a décidé de geler ses activités au sein du parti libéral pour créer son courant dénommé «Vision pour un Sénégal nouveau». Une initiative que certains observateurs interprètent comme un raccourci… vers d'autres horizons comme le pouvoir. Une insinuation que le maire de Linguère bat en brèche. «Ce n’est pas dans mes plans et je ne l’envisage même pas dans le futur», déclare-t-il dans l’émission Grand Jury de la Rfm. Ce qui a le mérite d’être clair. Ce qui mérite d’être éclairci, c’est la position de son «frère» Serigne Mbacké Ndiaye dans le Pds. L’initiateur du courant Kolëré qui, à l’instar de Habib Sy, a gelé ses activités dans le Pds, s’est toujours montré favorable aux retrouvailles de la famille libérale. Une idée réaffirmée par le pape du Sopi, dans une lettre écrite depuis Versailles et étalée sur la place publique... A dessein sans doute.

 

 

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