Pape Camara, êtes-vous surpris de l'élimination précoce des Lions à cette CAN ?

 

Je suis déçu par l'élimination. La surprise pour moi, c'est quelque chose de bon, c'est pourquoi je ne parle pas de surprise mais de déception. La déception est quelque chose de très mauvais. Donc je suis déçu par la prestation de l'équipe. Au début, on avait (les techniciens) signalé quelques signes, quelques prémices et on avait alerté. J 'ai interpellé à maintes reprises le staff technique des Lions pour essayer de les aider à rectifier le tir avant la CAN. Le potentiel de l'équipe nationale était énorme.

 

 

Pour vous, quelles sont les raisons de cet échec ?

 

Je crois que les joueurs ont été très chargés. Il y avait des problèmes de positionnement et de repositionnement. Il y a avait des gênes par rapport à nos joueurs, ils paraissaient lourds, ils étaient sans réaction. À chaque fois, ce sont nos remplaçants qui apportent de la fraîcheur dans l’entrejeu.

 

Nos joueurs ne répondaient pas à 100% durant toute la partie. Ils débutent pour mal terminer. Nos Lions ne se sont pas donnés à fond. Ils ont péché au niveau technique, physique, psychologique et surtout tactique. Il (l'entraîneur) n'a pas su transmettre aux joueurs la rage de vaincre. La charge d'entraînement pendant la CAN n'a pas été appropriée. On n'a pas bien senti qu'il voulait gagner.

 

 

Qu'est-ce qui a manqué sur le plan technico-tactique pour vous ?

 

L'entraîneur a été interpellé sur trois facteurs à savoir : la sélection, l'entraînement et la gestion de la campagne. Être favori à la CAN, c'est avoir une équipe fixée et un projet de jeu clair. On devait être édifié sur le onze de départ. Dans cette équipe, n'importe qui peut remplacer n'importe qui et c'est ce qui est grave.

 

Les critères de sélection doivent être très clairs. L'entraîneur avait la compétitivité comme critère de départ. Mais ce critère a été bafoué. On a dégagé des critères qu'on n'a pas respectés. La sélection a été faussée. Avant la CAN, il (Amara) a eu à bénéficier d'un temps d'entraînement suffisant pour asseoir un projet de jeu libre et très clair. L'entraînement devait s’approprier à ce que nous avons. Aller à la CAN sans tenir en considération le jeu de ses adversaires (Zambie, Guinée Équatoriale et Libye)... On avait aucune information sur eux.

 

Notre match repère, c'était le match perdu contre le Maroc et on n'a pas tiré les leçons de cette défaite. Et nos adversaires se sont basés sur ce match-là pour nous gagner. On a perdu de la même manière, on nous a empêchés de jouer. Les adversaires ont conservé le ballon parce qu'il y avait la lourdeur de nos joueurs. Une équipe qui rencontre la Zambie qui bénéficie du phénomène de l'hypoxie (ils vivent en altitude) et la Guinée Équatoriale qui est le pays co-organisateur, en bon coaching, je pense qu'il ne fallait pas venir pour dire : je vais les gagner.

 

Il fallait gérer les résultats. Car c'étaient des matches à ne pas perdre. Sur le plan des résultats, je pense qu'on a mal coaché l'équipe. Je pense que par rapport à la Libye où on a rencontré des joueurs costauds, on devrait avoir un jeu direct comme on a l'habitude de le faire. Il fallait jouer aussi avec des tirs de loin pour obliger l'équipe adverse à sortir.

 

Nos attaquants manquaient d'espace, et ils en avaient besoin pour bien jouer et tirer leur épingle du jeu. C'est cet espace qui leur manquait. Nous avons des attaquants très talentueux. Si vous avez regardé nos trois matches, aucun de nos attaquants n'a couru. Le jeu ne leur permettait pas de bien bouger. Je pense qu'il y a des choses à régler sur le plan tactique. Notre premier match contre la Zambie, on n'avait des problèmes de relances de balle.

 

On a eu pas mal de problèmes au niveau du milieu de terrain. Et, ils ont essayé de combler dans les ailes avec Niang, cela n'a pas payé. Niang a perdu pratiquement toutes ses balles parce que l'adversaire répondait bien physiquement. Je crois que le gros problème est qu'on n'avait pas un organisateur au milieu. On a besoin de toutes les qualités pour faire une bonne équipe et nous n'avions pas eu toutes ces qualités. Ils nous manquait beaucoup de choses.

 

''C'est un échec parce que les objectifs assignés ne sont pas atteints''

 

Et par rapport à l’inefficacité des attaquants...

 

Oui ça peut arriver. Mais une chose, moi je ne crois pas au mystique comme la majeure partie des Sénégalais. Moi, je dis non. Ne me dites pas que contre le Cameroun au match aller, c'est grâce au mystique que nous avons gagné. Je crois qu'il y avait beaucoup de ratés. Je pense que c'est la charge de l'entraînement.

 

Est-ce que la charge n'était pas élevée ? C'est la gestion de cette CAN qui n'a pas été bonne à tout point de vue. Je pense que les joueurs ont été trop chargés. Demba Ba, on ne l'a pas senti. Des fois, si tu charge trop, tu as des problèmes de récupération, de mobilité, de réactions... Je pense qu'on a mal géré la CAN sur ce plan-là.

 

 

Vu le jeu proposé, certains doutent de la compétence du coach. Qu'en pensez-vous ?

 

Le staff a dit que c'était un projet qui a été élaboré avec la Direction technique nationale (Dtn). Amara s'est mis sur le banc à crier et à crier encore. Cela montre que tout n'était pas bien fait aux entraînements. Quand on entraîne bien son équipe, on doit venir assister à un match sinon faire quelques réglages de positionnement. Si on fait un entraînement approprié, on n'a pas besoin de crier. Il ne faut pas sous-estimer sa compétence parce qu'il a gagné le championnat du Sénégal avec la Linguère.

 

 

Si vous étiez à sa place alliez-vous démissionner ?

 

(Catégorique). Oui !

 

 

Pourquoi ?

 

C'est un échec parce que les objectifs assignés ne sont pas atteints. Mais je ne dis pas qu'il est nul, non.

 

 

Il a dit qu'il ne va pas démissionner..

 

C'est son point de vue. C'est à lui de prendre ses responsabilités.

 

 

MAMADOU L. SANÉ & JEAN P.L.T SAMBOU