Publié le 22 Mar 2024 - 10:39
PAPE SAMBA MBOUP, ANCIEN CHEF DE CABINET DE Me WADE

‘’Je dis clairement que je soutiens Ousmane Sonko’’

 

Même s’il a pris du recul par rapport à son ancienne formation politique, le Parti démocratique sénégalais (PDS), Pape Samba Mboup n’en reste pas pour autant actif. L’ancien chef de cabinet du président Abdoulaye Wade s’est rangé du côté de l’ex-Pastef, dont il soutient le candidat Bassirou Diomaye Faye. Alors que la bataille fait rage au sein de cette formation politique pour savoir qui soutenir à la Présidentielle de dimanche prochain, Pape Samba Mboup estime que le débat ne devrait pas se poser, car Amadou Bâ ne saurait être, à son avis, le bon choix.

 

Je voudrais donner mon avis sur le débat en cours. Il y a deux camps au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS). Moi, je dis clairement que je soutiens Ousmane Sonko. Je ne rentre pas dans le parti de Sonko, mais je le soutiens. En tant que père de famille, nous sommes obligés de soutenir nos enfants qui sont avec lui. Et je constate que les partis traditionnels vont tous mourir parce qu’ils ne savent plus lire correctement les situations. Le PS est un parti qui a changé. Maintenant, c’est un parti ‘’yobaalama’’. Les partis de la gauche qu’on a connus comme des partis dynamiques, à l’avant-garde des changements, ces partis sont presque morts.  

Et le PDS donc ?

Le PDS aussi, c’est fini. Tu ne peux pas rater deux élections présidentielles successives et espérer vivre. Les gens vont partir. Billaahi, c’est fini. J’ai eu raison finalement. En 2019, on m’avait renvoyé, car j’avais dit que Karim Wade n’allait pas venir. On m’a accusé de démobiliser le parti, mais j’ai eu raison.  

Pourquoi cette animosité entre deux formations qui se réclament pourtant de la même idéologie politique ?

Mais on les (les libéraux) a roulés dans la farine. C’est en 2019 que cela a démarré. Si Abdoulaye Wade avait donné des consignes de vote claires, Macky Sall ne serait pas là. Donc, il a contribué à garder à Macky Sall au pouvoir. Comment cela s’est-il passé ? Cela s’est passé en Guinée avec Alpha Condé. Comme Wade aime le pouvoir, Alpha Condé l’a appelé, lui a envoyé un jet privé, il a été reçu comme un président en exercice. C’est Alpha Condé qui lui a dit que Macky est d’accord. Et s’il gagne, le problème de Karim Wade allait être réglé. Mais en fait, Macky Sall avait son plan : faire échouer le plan et dire à Karim : ‘’Tu vois, j’ai fait de mon mieux, mais c’est impossible, viens me soutenir.’’ C’est un coup monté et Macky Sall a roulé Karim Wade dans la farine.  

Mais Karim Wade a donné des signes d’ambiguïté quant à sa réelle volonté de prendre part à la Présidentielle…

Je crois que Karim Wade ne voulait pas, au fond, se présenter, car au niveau de responsabilité où il se situe, il devait régler son problème de nationalité depuis longtemps.

Pour vous donc, il faisait semblant de vouloir y aller…

Je crois qu’il a fait semblant de vouloir y aller, alors qu’il ne voulait pas. Pourquoi je dis cela ? Premièrement, ce qu’il a là-bas est plus important pour lui, parce qu’il est dans de bonnes conditions de vie. Deuxièmement, il sait que les électeurs sont partis parce qu’il est resté trop longtemps hors du pays. Tous ses lieutenants ont, en effet, décroché, à commencer par Omar Sarr qui tient un électorat à Dagana. Modou Diagne et Abdoulaye Baldé qui nous faisaient gagner Darou Mousty et Ziguinchor sont partis. Abdoulaye Sow, etc., tous ces porteurs de voix étant partis, il sait que s’il va à l’élection, il risque de perdre. Donc, il a préféré rester là-bas pour gérer ses affaires. J’aurais même appris que son patron du Qatar lui aurait dit : ‘’Tu veux partir, vas-y. Mais si tu ne gagnes pas, ne reviens pas.’’ Cela veut dire qu’il avait l’intention de confier le business à quelqu’un d’autre. Et Karim allait tout perdre.

Pour vous donc, il a calculé.

Oui, pour moi il a calculé. Il s’est demandé si cela valait vraiment la peine.

Que faire maintenant ?

Maintenant, le PDS est là, complètement désemparé. Babacar Gaye a demandé que le PDS soutienne Amadou Ba. Mais lui, c’est simplement un chasseur... Il est mal placé et il n’est même pas un PDS authentique. Il n’a aucune leçon à donner aux gens. Il demande aux gens de pardonner. Moi, je suis d’accord pour pardonner, mais on n’oublie pas. Ce que Karim a souffert dans sa chair, s’il l’avait vécu lui, il n’aurait pas parlé aussi facilement. Pour moi, le problème, c’est de se débarrasser de ces gens-là et on verra après. J’ai discuté avec des gens du PDS. Ils disent qu’ils attendent les consignes, mais ils disent qu’ils ne vont pas voter pour Amadou Ba…

Aujourd’hui, nous sommes en face de deux tendances : une qui veut soutenir Amadou Bâ et une autre qui veut soutenir Diomaye…

Il y a un mois seulement, le président Sall traitait Amadou Bâ comme un corrupteur. Et tu reviens pour dire que tu es avec lui. C’est grave ça. Comment Karim Wade lui-même pourrait-il soutenir Amadou Ba, après tout ce qu’il lui a fait ? Heureusement, pour le moment, il dit qu’il ne le soutient pas.  

Et je reviens sur Babacar Gaye pour dire qu’il a oublié son père spirituel. L’ennemi public n°1 du Parti démocratique sénégalais, c’est Macky Sall et son parti. Ceux qui disent que le PDS doit soutenir Amadou Bâ ne pensent qu’à leurs avantages qu’ils ne veulent pas perdre. Le problème, c’est comme Tchang Kaï-chek et Mao

et Mao, lors de la Seconde Guerre mondiale. Ils se sont alliés pour combattre l’ennemi commun, le Japon. L’ennemi commun, c’est Macky Sall. Il y a eu des morts par balles qu’on n’a pas élucidées. Ils ont mis des enfants et des femmes en prison. Le pays n’a jamais été dans une situation pareille. Abdoulaye Wade a félicité Macky Sall et il est parti comme Diouf l’a fait avec Wade. Donc, il faut rester dans cette dynamique.

Vous avez été très proche de Me Abdoulaye Wade. On n’entend plus parler de lui. Qu’est-il donc devenu ?

Maitre Abdoulaye Wade, il est déjà parti. Personne ne le voit. Il a plus de 100 ans. Il est avec ses gardes du corps, sa femme, sa secrétaire et sa cuisinière. Même sa nièce Ndèye Sakho m’a dit qu’elle ne le voit plus.

 

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