Enrique, un nouveau patron au PSG ?
En sortant Kylian Mbappé dès l’heure de jeu alors que Paris était mené contre Rennes, Luis Enrique a prévenu : en partance pour le Real Madrid, le vice-capitaine du PSG n’est plus intouchable. L’Espagnol peut-il devenir l’un des rares techniciens à s’affirmer face aux stars parisiennes ?
C’est peu dire que le match nul arraché dans les derniers instants par le PSG contre Rennes n’aura guère livré d’enseignement dans le jeu pour les Rouge et Bleu. S’il y a bien une chose à retenir de ce dimanche après-midi pluvieux au Parc des Princes en revanche, c’est le management de Luis Enrique, qui a envoyé un message en faisant sortir Kylian Mbappé dès la 65e minute, alors que son équipe était menée. Si la gestion des stars a toujours été un sujet central depuis le début du projet QSI, le technicien espagnol ne s’en est pas caché : alors que le départ de son numéro 7 en fin de saison est acté, ce dernier n’est plus intouchable au sein de l’effectif.
L’exercice de tous les dangers
De Zlatan Ibrahimović à Lionel Messi en passant par Neymar et donc bien sûr Kylian Mbappé, faire sortir les têtes de gondoles du club en cours de partie s’est bien souvent avéré un exercice périlleux au pied de la tour Eiffel. Pour ce qui est du Bondynois, l’épisode le plus marquant a probablement eu lieu en octobre 2019 à Bruges, quand Thomas Tuchel avait décidé de se passer de ses services au coup d’envoi, l’intéressé étant tout juste de retour de blessure. Un triplé et une passe décisive en 38 minutes de jeu plus tard, l’attaquant ne cachait alors pas son agacement au micro du diffuseur, RMC Sport : « Je pensais que j’allais débuter, le coach a choisi, il faut accepter. Je voulais montrer que c’est difficile de se passer de moi. Je veux me bagarrer pour garder ma place et aider l’équipe. »
Une place évidemment jamais mise en danger sur le plan sportif. Mais surtout une manière de mettre la pression sur ses différents entraîneurs et leurs volontés managériales. Se faire à la fois apprécier et respecter des joueurs, peu d’entraîneurs y sont parvenus ces dernières années au PSG. « Le plus délicat n’est pas une chose technique ou tactique, mais psychologique. Tu ne parles pas à un joueur, mais à une personne. Je suis proche de la personne, pas du joueur. C’est subtil, confiait au Figaro en 2017 Carlo Ancelotti, l’un des rares à avoir fait l’unanimité dans le vestiaire parisien. Personnellement, je ne suis pas l’entraîneur, je fais l’entraîneur, idem pour le joueur. Cette nuance est indispensable. Ils le comprennent et l’apprécient. »
Enrique, l’homme du revirement ?
Luis Enrique peut-il réussir à s’affirmer à son tour pour imposer sa vision des choses ? « C’est très simple, tôt ou tard, quand son départ arrivera, on devra s’habituer à jouer sans Kylian. Quand je voudrai le faire jouer, je le ferai, quand ce ne sera pas le cas, même chose », a clarifié l’Espagnol dimanche soir devant la presse au Parc des Princes. Pas sûr toutefois que cette nouvelle situation convienne pleinement au premier intéressé, apparu agacé à la descente du bus à Nantes (où il a débuté sur le banc) et qui s’est permis de jeter son brassard en direction du coéquipier le plus proche – le malheureux Vitinha – lors de sa sortie dimanche. Le buteur et son coach ont d’ailleurs échangé en privé la semaine passée, sans que la teneur de cet échange ne soit divulguée.
Cette nouvelle donne voulue par l’ancien chef de file du Barça – qui assure ne pas avoir reçu la moindre consigne venue de plus haut – doit beaucoup à l’évolution du contexte entourant son vice-capitaine. En annonçant en interne sa décision de quitter le club, Kylian Mbappé s’est attiré les remontrances de son entraîneur et a perdu par là même un statut d’intouchable qu’Enrique n’avait pas vraiment remis en cause jusqu’alors. « Kylian voulait jouer, et quand Kylian veut jouer, on n’a pas grand-chose à dire. On peut juste le regarder jouer, le staff et le public », reconnaissait-il début janvier à Castres, après avoir titularisé sa star en Coupe de France face à Revel, club de R1. À peine deux mois plus tard, la donne a bien changé. Il y a un nouveau patron dans le vestiaire du Paris Saint-Germain.