Publié le 27 Mar 2020 - 20:27
TRAITEMENT DU CORONAVIRUS PAR L’HYDROXYCHLOROQUINE

Le Sénégal dispose d’un stock assez suffisant

 

Le Sénégal traite désormais les patients affectés par le coronavirus avec l’hydroxychloroquine. Le pays dispose d’un stock suffisant pour la prise en charge. Cette molécule, selon docteur Lam Toro Mamadou Seck de la Pharmacie nationale d’approvisionnement, n’est pas indiquée à titre préventif.

 

Cette semaine est très mouvementée pour le monde de la science. Une étude réalisée par le médecin marseillais Didier Raoult sur l’hydroxychloroquine, qui représente un espoir de traitement contre le coronavirus, est la cause de cette montée d’adrénaline. Beaucoup de pays ont émis des réserves quant à l’utilisation de cette molécule. Mais, mercredi dernier, le chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Fann, Professeur Moussa Seydi, a soutenu que les résultats du professeur Didier Raoult sont encourageants, mais non définitifs. C’est pourquoi, au regard des rapports, ils ont jugé utile de démarrer ce traitement chez les patients.

‘’Les résultats que nous commençons à obtenir sont véritablement encourageants. Nous allons généraliser l’utilisation de cette molécule au niveau de tous les sites de prise en charge au Sénégal’’, annonce Prof Seydi.

Cette déclaration arrive comme une bouée de sauvetage pour les malades de la Covid-19 et les pays affectés par cette pandémie. D’autant plus que le Sénégal est à ce jour à 105 cas déclarés positifs dont 9 guéris et 96 encore sous traitement. Hier, sur 130 tests réalisés, 6 sont revenus positifs. Il s’agit de 5 cas importés et 1 cas contact suivi.

Toutefois, il y a eu beaucoup d’interrogations sur la disponibilité de la molécule au Sénégal. Cependant, à la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA), on se veut rassurant. Selon docteur Lam Toro Mamadou Seck de la PNA, il y a un stock assez suffisant, au rythme de la confirmation des cas. En plus, dit-il, des actions sont en train d’être menées, en accord avec la Direction de la pharmacie et du médicament (DPM), pour assurer la disponibilité au niveau des sites de prise en charge. ‘’Il n’y aura pas de rupture, rassurez-vous. Mais tous les malades ne prennent pas l’hydroxychloroquine, parce qu’il y en a qui guérissent spontanément. Ceux qui méritent d’être mis sous hydroxychloroquine, ils en ont pour une boîte (600 mg/j). Je disais que, par rapport à la morbidité de cas, qu’on regarde un peu l’hypothèse haute en termes de cas. Toutes les dispositions sont prises au niveau de la PNA, du secteur pharmaceutique globalement, pour que cette molécule soit disponible pour tous les malades’’, précise Dr Seck.

Il annonce qu’ils sont en train de travailler avec la DPM pour contingenter toutes les boîtes de plaquénil qui se trouvent au niveau du privé. ‘’La Direction de la pharmacie et du médicament est en train de regarder avec les officines et les grossistes privés, pour reprendre toutes les boîtes d’hydroxychloroquine qu’ils détiennent, afin qu’on les remette à la PNA pour la prise en charge. Ce plaquénil, communément appelé hydroxychloroquine, est exclusivement destiné à la prise en charge de cas confinés au niveau des sites de prise en charge épidémique’’, dit-il.

Le plaquénil n’est pas indiqué à titre préventif

Ainsi, à partir du moment où le traitement a été validé par le Pr. Seydi, les 4 sites de traitement doivent pouvoir être approvisionnés correctement en hydroxychloroquine. Par ailleurs, Dr Seck insiste sur le fait que ce plaquénil peut aussi être utilisé pour d’autres affections auto-immunes. ‘’On est en train de voir quelle est la quantité qu’on utilisait dans le pays pour ces autres maladies et qu’on prenne en charge ces maladies auto-immunes. Mais également qu’on prenne en charge les cas qui vont se poser dans le pays. On a une plateforme autour de la DPM, il y a le groupe du privé, il y a les industriels et la PNA. Ce sont des mesures qu’on a prises. Les industriels vont tout faire pour fabriquer l’hydroxychloroquine’’, assure le docteur Lam Toro Seck.

Toutefois, il précise que cette molécule n’est pas indiquée à titre préventif. Mais plutôt à titre curatif et exclusivement dans les 4 sites de prise en charge des cas. ‘’Il y a eu beaucoup de propositions. Elle sera disponible pour le traitement des malades. Ceux qui ont acheté du plaquénil pour la prévention n’ont qu’à retourner leurs boîtes. Il est exclusivement réservé à la prise en charge des patients testés positifs’’, prévient-il.

Par ailleurs, Dr Seck tient à clarifier la différence entre la chloroquine et l’hydroxychloroquine. ‘’Le plaquénil est moins toxique que la chloroquine. La multirésistance qu’on a eue au Sénégal, c’est avec le plasmodium falciparum. C’était destiné à la prise en charge du paludisme. C’est là où c’est devenu inefficace. C’est la raison pour laquelle on l’a retiré pour amener la combinaison les ACT. Mais depuis lors, on continue à en fabriquer, parce qu’il y a certaines maladies qui rentrent dans le traitement. Pour le traitement du paludisme, c’est la chloroquine ; mais pour le virus, c’est l’hydroxychloroquine’’.  

Dans la même veine, le président du Syndicat national des pharmaciens, Docteur Assane Diop, confirme que tout le stock est à la PNA pour la prise en charge des malades. ‘’Nous avons regroupé tout ce qu’on a comme hydroxychloroquine pour le mettre à la disposition de l’Etat. Il y en a assez pour prendre en charge les malades’’, rassure Dr Diop. Avant de préciser qu’il ne s’agit pas de la chloroquine de sulfate qui est un antipaludéen, mais d’une molécule bien différente utilisée pour le virus.

VIVIANE DIATTA

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