Publié le 9 Dec 2014 - 23:19
MALICK DIENG (DIRECTEUR INSTITUT LIBERAL)

’Wade n’est pas si fauché …’’

 

Dans cet entretien accordé à EnQuête, le directeur de l’Institut libéral, à qui on a servi une assignation pour cause d’arriérés de loyer, s’explique sur cette créance. Malick Dieng tire aussi sur l’entourage de Me Wade.

 

L’agence Hortala vous a servi une assignation pour six mois  d’arriérés de loyer de la maison qui abrite l’institut libéral. Comment en êtes-vous arrivé à cette situation ?

J’avais longtemps gardé le silence sur cette affaire car je trouvais que c’était indécent qu’un institut comme celui-ci puisse être dans une situation pareille. Si nous nous trouvons dans cette situation, c’est par négligence mais surtout à cause d’un combat ardu que des gens font autour du président Wade

Qui sont ces gens-là ?

Je ne cite pas de gens. Mais l’entourage du président Wade ne joue pas le rôle qu’il fallait dans la gestion de son patrimoine. Imaginez qu’en tant que conseiller du président Wade, je ne puisse pas le voir !

Vous pensez que des gens manœuvrent pour vous  retirer l’institut ?

Non, ils ne peuvent pas me le retirer. L’institut, c’est moi qui l’ai conçu, qui ai fait l’ingénierie, qui ai fixé les normes, l’organigramme, qui ai noué les partenariats. Wade m’avait juste demandé de lui mettre en place un institut.

Comment se fait-il que vous puissiez accumuler autant d’arriérés ?

Nous payions régulièrement le loyer. Il arrivait que nous accumulions des retards, mais parvenions toujours à les honorer.

Est-ce que Me Wade est au courant  de la situation ?

Non, nous n’arrivons même pas à lui parler, encore moins le voir. C’est une situation extrêmement pénible du moment où les relais qui se devaient d’être au courant n’ont pas fonctionné. Nous faisons l’objet d’obstruction, de croc-en-jambe.

A quand remonte votre dernière rencontre avec Me Wade ?

Notre dernier tête-à-tête remonte au 2 septembre dernier. Je lui avais expliqué la situation de l’institut et celle de l’internationale libérale. Je rappelle que c’est moi qui gère les relations internationales dans le parti. Lors des grandes rencontres, c’est moi qui prends position pour le Parti démocratique sénégalais et pour Wade. A ce titre, je crois que je devais pouvoir voir Wade.    

Vous allez comparaître le 17 décembre prochain devant le tribunal hors classe de Dakar. Jusqu’où cela peut aboutir?

Je ne sais pas jusqu’où cela peut aboutir. En tout cas, je trouve regrettable que Me Wade soit traîné devant les tribunaux pour une modique somme (9 478 800 F CFA) d’autant plus que c’est quelqu’un qui aide les gens. Cet institut est le sien.

Vous n’avez pas d’autres moyens pour éponger cette dette ?

Bien sûr que j’ai d’autres moyens pour éponger  cette dette. Mais  puisque je ne peux le voir, il me sera très difficile d’agir sans son onction.

Lors de sa visite à Touba, Me Wade aurait fait état de ses difficultés financières.

Il peut être dans des difficultés. Mais Wade, en tant qu’éminent économiste qui maîtrise les rouages de la finance, n’est pas si fauché que cela. 

Que représente l’institut pour le parti ? Me Wade y aurait gardé beaucoup d’objets de valeur.

Au-delà des objets, c’est le seul institut libéral de ce genre qui existe en Afrique. L’institut vulgarise toutes les pensées politiques, On y discute de l’avenir de l’Afrique. Au-delà du fait qu’il soit un laboratoire d’idées, l’institut fait de la formation militante. A l’heure où je vous parle, 205 étudiants y sont inscrits. Mais faute de moyens, on ne peut pas continuer à faire nos recherches. C’est très regrettable.  Surtout que Wade est un grand panafricain. Mais  il doit être entouré d’hommes d’idées, d’expérience, qui puissent l’encadrer pour le restant de sa vie. Il faut qu’il soit entouré de gens qui tirent vers le haut et non vers le bas. C’est ma conviction.  

Les sorties médiatiques controversées de Wade sont-elles liées à son  entourage?

Je ne peux l’affirmer. Wade est un homme très complexe à comprendre. La plupart des gens ne le comprennent pas. Il parle en filigrane. Dans cette posture, apparaît le monstre politique. Ailleurs, c’est l’intellectuel qui parle. Parfois, il se met au niveau du sénégalais lambda.

Mais quand il va jusqu’à fixer un ultimatum au président Macky Sall, est-ce qu’il n’est pas allé loin ?

Là, c’est l’homme politique qui parle et qui est dans une posture de combat. Sa stratégie, c’est le corps-à-corps.

A-t-il les moyens d’engager un corps-à-corps avec l’Etat qui du reste est très puissant ?

C’est vrai, l’Etat est un rouleau compresseur. Mais Wade a vécu plusieurs épreuves : d’abord avec Senghor, puis avec Diouf avant d’arriver au pouvoir. Tel un sphinx, Wade renaît toujours de ses cendres. 

DAOUDA GBAYA

 

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