Publié le 18 Jul 2016 - 17:43
MISE EN PLACE D’UN JURY D’HONNEUR POUR ELUCIDER L’AFFAIRE DES 74 MILLIARDS

Benno déchire la proposition  d’Idrissa Seck

 

Selon des partis membres de Benno Bokk Yaakaar (BBY), Idrissa Seck fait du dilatoire quand il demande la mise en place d’un jury d’honneur pour élucider le supposé détournement de 74 milliards du contribuable sénégalais dans lequel il est incriminé.

 

La proposition faite par Idrissa Seck pour régler de manière définitive l’affaire des 74 milliards qu’on l’accuse d’avoir détournés n’agrée pas la mouvance présidentielle. A la limite, les tenants du pouvoir semblent même indifférents face à une telle proposition. ‘’Idrissa Seck passe son temps à faire des propositions. C’est parce qu’il a du temps. Nous, on n’a pas de temps, on travaille’’, répond avec dédain le porte-parole adjoint de l’Alliance pour la République joint par téléphone. Abdou Mbow de poursuivre : ‘’C’est parce qu’il a le temps qu’il parle. C’est quelqu’un qui s’ennuie. Et comme il s’ennuie, il passe son temps à réfléchir sur des choses qui n’ont rien à avoir avec la réalité. Il est en décalage avec ce qui se passe. Il est dans la parole. Nous sommes dans l’action’’, dit-il.

En effet, dans une lettre ouverte adressée aux citoyens sénégalais, l’ancien Premier ministre propose la mise en place d’un jury d’honneur pour faire la lumière sur le fameux protocole de Rebeuss. Mais pour certains partis membres de Benno bokk yaakaar (BBY) contactés hier par EnQuête, il n’est point besoin de réinventer la roue. ‘’Cette proposition est une fuite en avant. Parce que, pour éclaircir toutes les malversations supposées, il y a des institutions habilitées à le faire. S’il a des dossiers sur des gens ou sur des institutions, il s’adresse à l’OFNAC. Mais on n’a pas besoin de réinventer la roue pour ça. C’est une fuite en avant’’, répond d’emblée Ibrahima Sène, membre du Parti de l’indépendance et du travail. ‘’Il ne revient pas à Idrissa Seck de proposer un jury d’honneur pour clarifier des faits dans lesquels lui-même est incriminé. Nous sommes un pays organisé, nous avons une République avec des institutions qui fonctionnent. Dans ce cas d’espèce, c’est la justice, notamment le Procureur de la République qui devrait s’autosaisir pour clarifier l’utilisation de tout cet argent qui est manifestement l’argent du contribuable sénégalais’’, appuie le porte-parole de la Ligue démocratique (LD), Moussa Sarr.

‘’Idy veut trouver une manière de renvoyer la balle’’

Revenant à la charge, le chargé des questions économiques du PIT, Ibrahima Sène, pense que cette proposition du leader de Rewmi n’est ni plus ni moins qu’une tentative de renvoyer la balle dans cette affaire. ‘’Il est accusé, il trouve une manière de renvoyer la balle. Mais cela ne sert à rien du tout. L’essentiel est que, s’il se sent diffamé, il n’a qu’à saisir la justice. On a des institutions pour faire face à tout cela, plutôt que de réinventer la roue, comme si c’est par la palabre qu’on doit pouvoir réconcilier les gens dans des dossiers litigieux. Non, si ce sont des dossiers litigieux, la justice est là pour ça’’, fulmine-t-il.

Si les deux partis de la mouvance présidentielle que sont le PIT et la LD sont d’accord sur l’impertinence de la proposition d’Idrissa Seck, ils ne parlent toutefois pas le même langage sur l’attitude que la justice sénégalaise doit avoir face à une telle affaire. Selon Moussa Sarr, la justice doit s’autosaisir pour situer les responsabilités. ‘’Je ne sais pas pourquoi la justice garde jusqu’ici son silence, mais je sais que nous avons tous intérêt à ce que les choses soient clarifiées pour que, s’il y a des fautifs, ils soient sanctionnés. Parce que le pays doit construire des exemples et des modèles. Ceux qui sont ou qui ont été aux affaires et qui sont épinglés pour mauvaise gestion, il faut les sanctionner pour éviter des détournements de milliards, à l’avenir. Parce que tout cet argent peut être destiné à construire des écoles et des hôpitaux. Je pense que la justice va s’autosaisir pour éclairer la lanterne des Sénégalais’’, soutient le porte-parole des ‘’Jallarbistes’’.

Mais pour son allié du PIT, la justice ne peut pas s’autosaisir sur la base de simples accusations. ‘’La justice ne peut pas s’autosaisir. Tant qu’Idrissa Seck ne saisit pas la justice pour laver son honneur, celle-ci ne peut rien faire. Idrissa Seck le sait très bien, mais il fait le mort en pensant que les gens vont oublier. Mais il doit se rendre compte que ça revient tout le temps. Donc, il faut qu’il crève l’abcès une bonne fois pour toutes’’, déclare Ibrahima Sène. Qui ajoute : ‘’Si ça existe, qu’il l’assume. Si cela n’existe pas, que les gens qui le diffament subissent les conséquences de la justice. Car il est inacceptable que l’on jette l’opprobre comme cela sur des gens. Je suis un adversaire politique d’Idrissa Seck, mais je ne peux pas accepter qu’on lui jette l’opprobre de cette manière-là. C’est à lui de démontrer que c’est de l’opprobre. La justice est là pour ça.’’ 

ASSANE MBAYE

Section: 
MAGISTRATURE ET POLITIQUE : L’UMS fixe les lignes rouges
“ADOU KALPÉ”, “ILLÉGAL”, “SAUPOUDRAGE” : L’APR déchire le plan “Jubbanti Koom”
LE PLAN DE REDRESSEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL (PRES) / Une nouvelle feuille de route pour le Sénégal, selon le Moncap
OUSMANE SONKO EN TURQUIE : Une visite stratégique pour renforcer les relations sénégalo-turques
RENÉGOCIATIONS DES CONTRATS ET RÉVISIONS DES CODES DANS LE SECTEUR EXTRACTIF : Ousmane Sonko dévoile les premiers constats du comité
CONCLUSIONS DU DIALOGUE NATIONAL : Les partis de l’opposition dénoncent des manquements
CRISE POLITIQUE AU MALI : Moussa Mara dans la tourmente, Soumaïla en mémoire
REDRESSEMENT ÉCONOMIQUE : Le pari de l’endogénéisation
CRISE POLITIQUE : L’APR hausse le ton
PRÉSIDENTIELLE 2025 EN CÔTE D’IVOIRE : Ouattara se lance pour un 4e mandat, Soro dénonce
POUR DES RELATIONS HUILÉES ENTRE LE SÉNÉGAL ET LA MAURITANIE : Les sections Isems pérennisent des stratégies de collaboration
APR APRÈS LE POUVOIR : Le temps du renouveau 
RÉORGANISATION DE L’APR : Macky Sall rajeunit la direction du parti
TRAQUE CONTRE LA PRESSE - SOCIETE CIVILE : Les dérives verbales de Waly Diouf Bodiang
SORTIE DU LEADER DU SÉNÉGAL BI ÑU BOKK : Barth sans gants
PETITE ENFANCE ET CASE DES TOUT-PETITS : Des conseillères familiales renforcées en éveil et stimulation précoces
SÉNÉGAL : Quand l’homme d’État fait de la politique et le politique oublie l’État
SITUATION NATIONALE : L’alerte du FDR
RESTITUTION DES EMPRISES MILITAIRES : La fin d’une époque
TANDEM DIOMAYE- SONKO : L’analyse de Thierno Alassane Sall