Publié le 20 Sep 2016 - 14:24
MANKO WATTU SENEGAAL

Une coalition à l’épreuve des divergences

 

L’opposition sénégalaise s’est réunie autour d’une nouvelle coalition pour fédérer ses forces et faire face au régime de Macky Sall. Toutefois, les leaders qui la composent n’ont pas toujours eu les meilleurs rapports. Entre Idrissa Seck, Malick Gackou, Abdoul Mbaye et le Pds… les choses n’ont pas toujours été simples. Parviendront-ils à s’entendre ?

 

La nouvelle coalition de l’opposition Manko Wattu Sénégaal doit débuter ses activités aujourd’hui par une conférence de presse. Une nouvelle aventure, un nouveau cheminement pour des leaders dont les relations n’ont pas toujours été au beau fixe. Alliés aujourd’hui, la plupart de ces chefs de parti n’émettaient pas hier sur la même longueur d’onde. L’ancien Premier ministre de Macky Sall a regagné, depuis mai 2016, les rangs de l’opposition sénégalaise, en prenant la tête de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act). Mais entre Abdoul Mbaye et ses nouveaux compagnons de la grande coalition, les relations ont souvent été heurtées. Dans un passé pas lointain, il avait qualifié nombre d’entre eux de politiciens professionnels et avait promis de différencier sa nouvelle formation politique des leurs. En sus, il a toujours été accusé d’avoir été à l’origine de la démission de Malick Gackou de la tête du ministère du Commerce, pour une histoire de prix de la farine. 

On se rappelle aussi qu’Idrissa Seck avait remis en question la capacité du ‘’banquier’’ à développer l’économie du pays. Abdoul Mbaye avait assimilé ces attaques à celles d’un ‘’aigri qui a tenté d’entre là où il est sorti’’. L’ancien Premier ministre a également longtemps été dans le collimateur du Parti démocratique sénégalais (PDS). Me Wade et ses partisans ont toujours perçu son gouvernement comme l’instigateur de la traque de certains de leurs responsables. En représailles, les libéraux avaient tenté de le destituer, à travers une   motion de censure, en le mettant dans le lot de ceux qui se sont enrichis avec l’argent de Habré. L’initiative avait échoué.

Entre le Rewmi et le PDS, c’est : ‘’je t’aime moi non plus’’

Entre le PDS et le patron de Rewmi, les choses ont semblé aller pour le mieux. L’idée de retrouvailles de la famille libérale a été annoncée et Idrissa Seck semblait favorable à ces réconciliations. Seulement le dialogue national initié par le Président Macky Sall a changé la donne. Idrissa Seck, qui n’avait  pas répondu à ces conclaves, en a profité pour solder ses comptes avec ses anciens ‘’frères’’ de parti et avec Macky Sall. En effet, pour le l’ancien maire de Thiès, les libéraux et le chef de l’Etat ont plutôt organisé des retrouvailles qui ont abouti à la libération de Wade-fils. ‘’La participation du Pds est une honte‘’, avait-il assené. Le président du Conseil départemental de Thiès accusait Abdoulaye Wade et Macky Sall de comploter pour nuire à sa personne. ‘’Les même personnes qui étaient complices et auteurs du grand complot contre ma personne le  font actuellement sur le dos des Sénégalais. Ils m’ont toujours accusé de deal, alors que j’ai toujours défendu des questions de principe et des vertus, hier contre Abdoulaye Wade et aujourd’hui contre Macky Sall’’, avait fait savoir Idy. Il faut dire que cet épisode n’est que le dernier d’une série de tentative de rapprochement entre Idrissa Seck et Abdoulaye Wade, depuis que le premier nommé a quitté la barque libérale.

D’autres ‘’fils’’ de Wade, à l’image de Abdoulaye Baldé, ont quitté le PDS, après la défaite de 2012, pour former leur propre formation politique. Ils ne se sont pas privés de dénoncer les méthodes du pape du Sopi. Dans l’une de ses sorties, le maire de Ziguinchor avait dénoncé son expulsion du PDS. En tournée dans le sud du pays, le patron de Bokk Gis Gis avait dénoncé le manque de démocratie au sein de la formation libérale dans sa décision de prendre part au dialogue initié par Wade. ‘’Je regrette fondamentalement ce qui s’est passé au Pds. Je ne vois pas la pertinence de la participation au dialogue national de ce parti qui est en conflit profond avec la mouvance présidentielle. Il y a un manque de démocratie au Pds, puisque, c’est Wade qui décide de tout’’, avait fustigé Pape Diop.

Malgré tout ce passif, les membres de la coalition semblent déterminés à cheminer ensemble, faisant honneur à l’adage qui dit que : ‘’la politique, c’est l’art du compromis’’. Mais, il leur faudra faire leur preuve pour être pris au sérieux par la coalition au pouvoir dont les tenants sont convaincus que la nouvelle alliance fera long feu. Dernièrement, dans les colonnes de EnQuête, le Président du groupe parlementaire de la majorité, Moustapha Diakhaté, a dit tout haut ce que ses camarades pensent. ‘’Depuis le début, ils vont d’échec en échec. Ils n’arrivent même pas à être ensemble, parce qu’il n’y a rien qui les lie’’, avait-il dit. L’avenir nous édifiera…    

HABIBATOU TRAORE

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