Publié le 5 Apr 2017 - 23:27
3 QUESTIONS A MAMADOU DIOUMA DIALLO (ENSEIGNANT-CHERCHEUR A L’UGB)

‘’Un discours solennel ne doit nullement être un discours-programme’’

 

Lors de son adresse à la Nation avant-hier, le président de la République a fait un discours de moins de 15 mn. Quelle analyse  vous-en faites ?

La longueur du discours est un choix qui peut s’expliquer et être justifié. J’ose croire que le Président a enfin compris qu’un discours solennel qui célèbre notre accession à l’indépendance, magnifie notre liberté retrouvée, ne doit nullement être un ‘’discours-programme’’. Il existe des ‘’évènementiels républicains’’ plus indiqués pour ce type de communication. A partir du moment où le discours est épuré, en grande partie,  de sa dimension programme ou bilan, il devient normal qu’il soit court.  Aujourd’hui, les longs discours ne sont plus la norme pour s’adresser aux citoyens. En effet, la parole de l’autorité, au-delà du fait qu’elle doit être forte et rare, doit fondamentalement aussi s’inscrire sur des formats courts pour ne pas lasser le public ; d’autant plus que le Président Macky Sall n’est pas très à l’aise dans l’art oratoire.

Est-ce qu’en 15 mn, le président peut aborder en profondeur toutes les questions de l’heure ?

Je ne pense pas, encore une fois, qu’un tel rendez-vous solennel et républicain soit le moment approprié pour aborder en profondeur les questions relatives aux différentes facettes de l’actualité. C’est un discours qui doit, dans la mesure du possible, valoriser l’armée, stimuler la fibre patriotique, cultiver le sentiment de fierté nationale et encourager la cohésion et le vivre-ensemble.

Le Président Sall n’a pas abordé certaines questions liées à la Justice. Est-ce qu’il l’a fait sciemment ou est-ce lié à la durée de son discours ?

Il faut lire dans le discours du Président Macky Sall une volonté manifeste de ne pas alimenter le débat politique. C’est à ce niveau, peut-être, qu’il faut chercher les raisons de son silence sur des secteurs clés et stratégiques comme l’éducation, la santé et la Justice entre autres. Le Sénégalais comprendrait difficilement un discours qui, tout se voulant global, ferait l’impasse sur la Justice. Or, évoquer la Justice, c’est prendre le risque de donner plus de résonance à l’affaire Khalifa Sall et ses soutiens incarcérés.

Une intelligence éclairée ne peut s’empêcher de voir à travers toute prise de parole politique la dimension de l’agir stratégique. En ce sens, ce discours du Président Macky Sall reste politiquement coloré.

 

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