Deux fidèles pour traduire la vision de Sonko

Pour remplacer ces deux hommes de refus, Ousmane Sonko a fait appel à deux hommes de confiance : son avocat personnel Maitre Bamba Cissé et sa militante convaincue, la désormais ex-ministre des Affaires étrangères Yacine Fall.
Pour comprendre ces choix, il faut retourner aux déclarations récentes de Sonko et toute sa théorie sur un supposé laxisme de l’État. “Le Sénégal n’a pas de crise, n’a pas de problème. Nous sommes 18 millions de Sénégalais, ceux qui s’agitent ne font même pas mille. Le problème que nous avons, c’est un problème d’autorité. Et il faut qu’on prenne nos responsabilités par rapport à cette situation. Si le président de la République ne peut pas le gérer, qu’il me laisse gouverner. On verra si ça va continuer”, menaçait le Premier ministre.
Il préconisait également de retourner au parti dans la prise des décisions importantes. “Quand je parle du parti, c’est moi qui en suis le président. Le parti ne doit être exclu dans aucune des politiques de l’État. Nous devons avoir des espaces où il y aura le président, le Premier ministre, certains cadres du parti, pour discuter des orientations, de certaines décisions”, plaidait-il, critiquant avec véhémence le président de la République.
C’est donc dans ce cadre qu’il a choisi ses hommes de confiance pour diriger la Justice et le ministère de l’Intérieur. Ce qui nourrit les craintes contre une accentuation de la répression.
Le piège !
Certes, Diomaye a accédé à la requête de son Premier ministre Ousmane Sonko, mais ceci peut apparaître comme un couteau à double tranchant. D’abord, en faisant nommer ses proches à ces deux postes clés, Ousmane Sonko ne pourra plus désigner le président de la République Bassirou Diomaye Faye, comme bouc émissaire.
Désormais, il a non seulement le ministère de la Justice, mais aussi le ministère de l’Intérieur. Le président, selon beaucoup d’observateurs, lui a ainsi tout donné. Il sera alors tenu pour responsable de tout ce qui adviendra : justice, vengeance, répression ou règlement de comptes, à lui d’assumer tout seul ; à lui de rendre compte.
Seulement, tout en lui cédant la responsabilité politique, le président reste encore maître du jeu pour une grande partie.
En effet, l’administration de la justice comme de la sécurité publique ne saurait être ramenée à la personne du ministre. Ce sont deux secteurs très complexes, où les agents ont plus d’un tour dans leur sac. Avoir la maîtrise du ministre ne signifie nullement avoir le contrôle du parquet ou de la police et de la gendarmerie.
Par ailleurs, il faut noter qu’avec le dernier remaniement, Diomaye a su imposer le ministre des Finances Cheikh Diba, annoncé lui aussi sur siège éjectable.