Publié le 23 Jan 2014 - 19:28
DÉTOURNEMENT DE 171 MILLIONS À LA BNSP

Un ex-Commandant et un cadre du MEF encourent 7 ans

 

Un ex-commandant des sapeurs-pompiers et un cadre du Ministère des Finances risquent de passer les sept prochaines années derrière les barreaux. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux et détournement de deniers publics.

 

Le 26 mars prochain sera un jour de vérité pour le commandant Atab Diémé. Chef de la division financière du Groupement national des sapeurs-pompiers (GNSP), dans les années 99-2000, il a comparu hier, devant la Cour d’appel militaire, juridiction compétente pour juger les officiers supérieurs. L’ex-soldat du feu est rattrapé par sa gestion passée.

Déjà radié des rangs de l’armée, après sa mise à la retraite d’office par le conseil d'enquête de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers, il encourt sept années de prison ferme pour détournement de deniers publics et faux et usage de faux.  La même sanction plane sur la tête de son présumé complice Ibrahima Konaté, secrétaire d’administration au Ministère de l’Économie et des Finances, chargé à l’époque de la gestion des comptes spéciaux du Trésor public.

Le patron des Établissements Mallé, Maguette Ndiongue, la commerçante Fatou Binetou Hadji Maal, le pharmacien Sibory Diop, le mécanicien Alioune Sow et la patronne du Gie Bit Service, Aïssatou Djeynaba Thiam  sont aussi cités dans ce présumé détournement estimés à 171 millions 422 mille 180 francs. Les nommés Demba Bâ, Ousmane Diouf, Elimane Fall, Moussa Diakhaté, Moustapha Sarr et Mamadou Lamine Fall, en fuite, sont sous le coup d’un mandat d’arrêt.

Des bons liquidés par des fournisseurs fictifs

Selon l’accusation, l’officier-supérieur a usé de faux pour se faire remettre des bons par le Trésor public, courant 1998, 1999 et 2000. Il s’agit de ‘’factures litigieuses jointes aux bons de commande présentés par les plaignants et qui étaient liquidés sur le compte spécial du Trésor n°910-120-121 affecté au nom du GNSP’’. Les bons liquidés ont été payés à des ‘’fournisseurs fictifs’’.

A en croire colonel Chérif Alioune Bâ, administrateur des crédits de la GNSP au moment des faits, sa signature et son cachet ont été imités dans les factures définitives. Dans son témoignage, l’officier a indiqué que ce modus operandi a permis des prélèvements sur le compte spécial du Trésor dont le fonctionnement, pour l’exercice 1999, lui avait été dissimulé par le commandant Atab Diémé.

D’après toujours l’accusation, à travers leurs fournisseurs, les receleurs ont tous bénéficié des ‘’paiements frauduleux obtenus à l’aide de fausses pièces fournies par l’officier supérieur Atab Diémé et exécutés avec la complicité active d’Ibrahima Konaté’’.

Comment le pot aux roses a été découvert ?  Tout est parti de l’arrestation de Ibrahima Konaté, dans une autre affaire d’escroquerie portant sur des DDP. Au cours de leurs investigations, les enquêteurs ont découvert des cachets du commandant du Gnsp dans les tiroirs du commandant Diémé.

Alors que ceux-ci devaient être conservés au secrétariat du commandant, par ailleurs comptable des matières et président de la commission réception. Il s’y ajoute que des rajouts, des ratures et de fausses signatures ont été constatés dans les procès-verbaux de réception, alors que le matériel ou les effets n’ont jamais été reçus. Ni au service de santé (médicaments), ni au magasin central (habillement), encore moins au magasin de matériel de plongée où aucun zodiac n’a été réceptionné.

En plus des faux, il est reproché aux inculpés, notamment Ibrahima Konaté, d’avoir perçu des commissions d’un montant de 500 mille francs auprès du GIE Bit service.

Dénégation comme ligne de défense

Face à ces accusations, hier, les inculpés ont cherché à se disculper. Présenté comme le cerveau de ce scandale, le Commandant Diémé a laissé entendre qu’il n'a fait qu’exécuter les ordres de ses supérieurs hiérarchiques. Le prévenu a soutenu qu’il ne connaît Konaté ni d’Adam ni d’Ève. Il a regretté que l’Inspection générale d’État (IGE)  n’ait pas été saisi pour que ‘’les responsabilités soient situées’’.

Ibrahima Konaté a expliqué pour sa part s’être limité à son travail consistant à contrôler les transactions effectuées par l’inspecteur des opérations financières de l’ancien GNSP. ‘’Je n’ai ni imité de signature, ni effectué de manœuvres pour escroquer l’État’’, s’est défendu le cadre au Ministère des Finances. 

Mais Konaté a été chargé par Aïssatou Djeynaba Thiam, en confirmant avoir versé à Konaté la somme de cinq millions pour diligenter la procédure. ‘’Par la suite, j’ai reçu un avis de crédit de 9 millions 300 mille francs’’, a-t-elle confié. Maguette Ndiongue a aussi reconnu avoir reçu 7 millions, alors qu’il n’avait pas livré la commande de 1 000 pneus.

Toutefois, il s’est empressé de se disculper, en soutenant qu’il arrivait que le GNSP, après commande, lui laisse la commande. Le pharmacien Sibory Diop, ainsi que le mécanicien Alioune Sow ont affirmé avoir exécuté leur part de marché. Mieux, le mécanicien a confié que le GNSP lui doit de l’argent et qu’il a reçu des factures, avec des rubriques ne concernant pas son travail.

C’est pourquoi le substitut général Abdou Karim a demandé qu’ils soient relaxés. En revanche, il a requis cinq ans assortis du sursis contre Maguette Ndiongue et les deux dames Thiam et Maal. Quant aux prévenus absents, il a demandé qu’ils soient condamnés à cinq ans assortis d’un mandat d’arrêt.

Avant de demander l’extinction de l’action publique à l’endroit de Mallé Mboup décédé. L’agent judiciaire de l’Etat a estimé qu’il revient au Commandant Diémé de payer le gap de 143 millions de francs Cfa. La défense a plaidé la relaxe.

FATOU SY

 

 

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