Publié le 25 Nov 2020 - 23:36
EXPO - HERITAGE

JonOne a sublimé Dakar 

 

Il y a deux jours, s’est terminé la première et non moins originale exposition de l’artiste international JonOne. Il la présentait au musée des Civilisations noires.  Son ‘’Héritage’’ est sublime et gaiement coloré. C’est le moins qu’on puisse dire.

 

Il n’est pas trop de dire que l’exposition intitulée ‘’Héritage’’ que recevait dernièrement le musée des Civilisations noires était magnifique.  JonOne, le graffeur américain établi en France, a su sublimer les lieux avec du bleu, du rose, du mauve, du vert, etc. Que des couleurs gaies. Ce qui laisse transparaitre une certaine joie de vivre chez cet artiste, mais également de l’optimisme. Cela matérialise aussi, peut-être, le rêve de cet artiste qui est né et a grandi à Harlem. Un quartier sinistre à l’époque. Même s’il en est loin aujourd’hui, il reste dans l’univers de son monde qu’il s’était construit.

En effet, il faut comprendre son enfance pour mieux savoir ce que traduit la prédominance des couleurs vives dans ses œuvres. Elles symbolisent l’énergie, la liberté, la sensibilité et la force qu’il y a dans ses œuvres.

Né à New York (à Harlem City), il trouvait son environnement (même son école) très stricte et tellement ennuyeux. Épris de liberté, il a fait ses premiers pas dans le street art, en taguant les métros de la ville. On lui avait interdit de taguer l’immeuble où il logeait avec sa mère ; il a alors considéré la rue comme le seul espace de liberté, de melting-pot. ‘’Il n’y avait pas de futur pour des gens comme moi. Si j’étais né dans un élévateur, je serais au niveau moins 10. Il a fallu que j’aie les épaules fortes, que je me batte pour en arriver là’’, dit-il. ‘’Quand je devais dessiner, ce qui me rendait heureux dans la vie, c’était la couleur, les gens (leur différence). Ça m’excitait, me donnait l’envie de continuer, de faire quelque chose et de bien le faire. Je mets beaucoup de couleurs dans mon travail, parce que ça me rend heureux’’, a-t-il poursuivi.

Le choix de ces couleurs est également sans doute un message d’espoir, dans ce contexte de crise sanitaire mondiale. D’ailleurs, JonOne était très content d’être à Dakar, au moment où, en France, l’heure est au confinement à cause du coronavirus. ‘’À part moi, personne ne fait d’expositions en ce moment. Je viens de Paris où tout est fermé. Tout le monde est déprimé. C’est un grand exploit pour moi’’, a-t-il dit, affichant un large sourire. Malgré ce moment exceptionnel pour lui et qui le rend heureux, il a une pensée pour tous ceux qui souffrent à cause de la Covid-19.

En effet, pour la star mondiale du street art, ‘’nous avons besoin de plus de légèreté, de plus de couleurs dans le monde et de voyager’’. Lui a eu la chance d’être au musée des Civilisations noires où il dit avoir rêvé d’exposer. Il y a présenté 26 œuvres gigantesques sur toiles. Il y avait à côté 10 planches de surf confectionnées à la main en Côte d’Ivoire par l’atelier The West Factory et une pirogue conçue au village de pêcheurs de Soumbédioune qu’il a complètement customisée. Le choix de ces matériaux de travail n’est pas fortuit. C’est sa façon d’inviter les visiteurs à surfer, à voyager d’une manière poétique, à penser différemment.

‘’Dans la vie, dit-il, il faut que ça glisse un peu plus, car les gens ont l’impression d’être morts, figés’’. De plus, cette exposition ‘’peut être un clin d’œil à l’actualité, la question de l’émigration irrégulière’’, selon le co-fondateur de la galerie Art Time d’Abidjan, Guillaume Studer. Il est à l’initiative de cette exhibition.

Par ailleurs, cette exposition avait une signification particulière pour le graffeur. Il la considérait comme une connexion avec l’Afrique et ses racines caribéennes. D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’elle s’intitulait ‘’Héritage’’. ‘’Je rends hommage à mes racines. Les gens des Caraïbes ont des influences d’origine africaine. Et donc, les Caraïbes et l’Afrique ont une histoire en commun’’, a-t-il dit. ‘’Je suis ici au Sénégal où il y a Gorée, cette île-mémoire de l’esclavage. C’est tout un symbole pour moi d’être ici, pour me ressourcer’’, a-t-il ajouté.

Il compte d’ailleurs rester au-delà du 22 novembre, date de finition de l’expo, pour ‘’faire un peu de tourisme’’. En outre, il compte profiter de ce moment pour offrir la pirogue qui était exposée au MCN à un pêcheur. JonOne rêve de la voir flotter dans la mer avec des pêcheurs à bord. Le but est de voir la réaction des autres pêcheurs et artisans quand ils verront la façon dont il a peint cette pirogue.

JonOne est un des pionniers du mouvement graffiti à New York, dans les années 1980. Il vit désormais à Paris, ville dont il est tombé amoureux après son arrivée en 1987. Aujourd’hui, il collabore avec de grandes marques et est devenu l’un des artistes les plus cotés du marché de l’art urbain contemporain.mmage aux artistes disparus. Dans ce travail, les participants y sont allés avec le cœur et l’esprit. Ainsi, on peut facilement se laisser subjuguer par le portrait de feu Ousmane Sow réalisé par Baye Mballo Kébé. De l’art de bout en bout. Le visage est réalisé avec des mots, un poème, un texte hommage, c’est selon. M. Kébé y décrit son défunt collègue, retrace son parcours et reproduit même l’une de ces plus célèbres œuvres : le logo du Dak’Art.

Une autre légende de la culture à qui un hommage est rendu dans cette exhibition, c’est Doudou Ndiaye Coumba Rose. A sa façon, Séni Mbaye célèbre leurs disparus. Sur la toile qu’il a réalisée, le visiteur peut lire : ‘’Fatiha et 11 likhlass.’’ Une prière musulmane dédiée aux morts.

Autant de manières de marquer estime et respect au passé, mais également autant de techniques à découvrir. En effet, les contributeurs proposent une balade entre la peinture abstraite, le figuratif, la sculpture sur bois et sur fer, le collage, la récupération ainsi que la photographie. Kan-Si est présent ici avec des photos numériques très bien travaillées et une approche artistique assez singulière.

BABACAR SY SEYE

 

 

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