Publié le 11 Nov 2024 - 20:24
PRISE EN CHARGE ONÉREUSE DES CANCERS MASCULINS

Le Pr. Papa Ahmed Fall interpelle le président Diomaye Faye

 

Avec mille cas de cancer de la prostate diagnostiqués chaque année et un traitement coûteux, le professeur Papa Ahmed Fall, président de l'Association sénégalaise d'urologie, invite le président de la République à investir quelques milliards dans la prise en charge des cancers masculins.

 

Au Sénégal, mille cas de cancer de la prostate sont diagnostiqués chaque année. L'annonce a été faite hier par le chef du Service d'urologie de l'hôpital Dalal Jaam de Guédiawaye, par ailleurs président de l'Association sénégalaise d'urologie. D'après le professeur Papa Ahmed Fall, c'est le premier cancer chez l'homme et les données sont probablement sous-estimées.

‘’Pour assurer une meilleure prise en charge du cancer de la prostate, il est essentiel que le diagnostic soit réalisé le plus tôt possible. En effet, lorsque le cancer est détecté tôt, la personne peut guérir et les moyens pour traiter ces patients existent ici au Sénégal. En revanche, lorsque le cancer est détecté à un stade avancé, la prise en charge est possible, mais le traitement est extrêmement onéreux et parfois les médicaments ne sont pas disponibles sur place’’, alerte le président de l'Association sénégalaise d'urologie.

Le Pr. Fall regrette, en effet, que le cancer de la prostate soit détecté trop tard au Sénégal. ‘’Les chiffres montrent qu'environ 20 % des cancers sont détectés de manière précoce et sont donc éligibles à un traitement radical, c'est-à-dire un traitement curatif. Cependant, nous avons encore 80 % de patients qui sont détectés à un stade localement avancé, voire métastatique. À ce stade, les possibilités de traitement existent, mais sont coûteuses, ce qui peut affecter la survie du patient et son bien-être".

L’urologue souligne également qu'il existe des cancers spécifiques aux hommes qui nécessitent une prise en charge et une sensibilisation adéquates. "Les coûts de traitement pour les femmes atteintes de cancer sont extrêmement élevés et si nous n'avons pas une participation de l'État pour subventionner ces traitements, il sera difficile de prendre en charge certains de nos patients. Bien que des efforts soient faits, nous avons une volonté politique qui doit être traduite par des actes concrets".

Il explique que lors de rencontres avec le ministère de la Santé et la Pharmacie nationale d'approvisionnement, une volonté réelle a été exprimée, mais il attend des actions concrètes pour que les traitements soient accessibles. "La plupart des patients sont âgés et ne sont plus en activité. Donc, ils ont réellement besoin d'un coup de main qui ne peut venir que d'une subvention organisée par l'État".

‘’Un patient qui ne se fait pas traiter aura une issue fatale, dans des conditions de souffrance intolérables"

Concernant le coût de la prise en charge, il précise qu'il varie entre 200 000 et 800 000 F CFA ; ce qui n'est pas accessible à tous les Sénégalais. "Il y a différents types de traitements selon le stade de la maladie. Au début de la maladie, lorsqu'elle est localisée, le coût peut être de 250 000 à 300 000 F CFA tous les trois mois. Cependant, lorsque le cancer devient métastatique, le coût peut atteindre 800 000 F CFA, voire plus, chaque mois", renseigne l’urologue.

Ainsi, il met en garde contre les conséquences de cette situation, soulignant que certains patients, ne pouvant pas se permettre de payer pour leur traitement, choisissent de se retirer pour ne pas être un fardeau pour leur famille. "Soyez assurés qu'un patient atteint d'un cancer de la prostate qui ne se fait pas traiter aura une issue fatale, souvent dans des conditions de souffrance intolérables".

Il conclut en plaidant pour une prise en charge des cancers de la prostate et en appelant à l'engagement de l'État. "Je fais appel au président de la République, son Excellence Bassirou Dioumaye Faye, pour qu'il investisse quelques milliards dans la prise en charge des cancers masculins. Son prédécesseur avait alloué 1,5 milliard pour les cancers gynécologiques et je pense qu'il peut faire de même pour les hommes".

Il insiste sur le fait que le Sénégal doit s'inspirer de ses voisins qui ont rendu le traitement du cancer gratuit et qu'il est possible d'ajouter un milliard au budget existant pour permettre aux hommes de se faire traiter gratuitement. "Il est crucial que l'État finance le Plan national contre le cancer et prenne des mesures pour rendre le traitement accessible à tous les Sénégalais".

CHEIKH THIAM

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