Dans une interview accordée à Het Laatste Nieuws, le défenseur sénégalais d’Anderlecht, Kara Mbodj, a exprimé toute sa colère après un traitement raciste et parlé de son transfert avorté à Leicester.

‘’Quand m'avez-vous vu saluer les supporters pour la dernière fois ?  A la fin de la saison, je donnerai mon opinion et j'utiliserai d'autres mots.’’ Ces termes en disent long sur les relations très heurtées entre Serigne Modou Kara Mbodj et les fans d’Anderlecht (Jupiler Pro League, Belgique). Le défenseur des Lions semble touché dans sa chair après le comportement des supporters. Et en attendant ses ‘’mots’’ promis en fin de saison, le joueur formé à l’Institut Diambars de Saly Portudal (Sénégal) a annoncé leurs couleurs. Celles-ci ne sont belles. ‘’(...) C'est juste pour vous dire comme ça fait mal de se faire traiter de 'singe'. Je n'invente rien. J'ai gardé tous ces messages sur mon gsm. Je ne peux pas oublier. (...) Je n'aime pas utiliser le mot racisme. 

Il n'y a que quelques personnes comme ça. Certains m'ont même dit de retourner chez moi avec ma famille. C'est très blessant. L'année passée, je n'avais parfois même pas envie de sortir de chez moi. Alors, quand ils vous demandent d'aller les saluer...’’, dans un entretien accordé  à Het Laatste Nieuws. L’ancien sociétaire de Genk pense que les attaques du public sont personnelles. ‘’Il y a des fans qui encouragent toujours l'équipe mais une partie du public siffle certains joueurs, et pas d'autres. Si on joue mal, qu'ils sifflent l'équipe entière et qu'ils ne visent pas un joueur", conseille-t-il.

‘’Les critiques m’ont rendu fort’’

Transféré de Genk durant l’été 2015 contre un chèque de 4,5 millions d’euros, Kara Mbodj a été très critiqué à ses débuts avec les Mauves. Mais au fil du temps, le natif de Mbour est devenu très performant. "Ça fait partie du foot. Si vous êtes vendu à un prix élevé et que vous ne répondiez pas aux attentes, c'est normal qu'il y ait des critiques. En tant que joueur, ça m'a rendu plus fort, admet-il. Mais certaines personnes ont visé l'homme. (...) J'ai l'impression qu'on me traite de manière différente, avec moins de respect."

Aujourd’hui, le défenseur de 27 ans, qui avait signé un contrat de 4 ans, a réussi à faire taire beaucoup de critiques au point d’être prolongé et revalorisé en février dernier. Ses performances réalisées en League Europa (Anderlecht a été éliminé en quart de finale par Manchester United) sont reconnues. Il a figuré au moins deux fois dans l’équipe-type de la semaine de cette compétition. Hors de Belgique d’ailleurs, il est regardé autrement. Des cadors anglais se livrent une lutte pour l’enrôler. Dès janvier dernier, le champion en titre de Premier League avait mis 15 millions d’euros sur la table mais Anderlecht avait refusé de le céder.

"Tout le monde sait que Leicester m'a fait une offre et qu'il me voulait à 100%. Ils étaient même prêts à envoyer leur staff médical à la CAN au Gabon mais les choses ne se sont pas passées comme ça. En tant que joueur professionnel, je me dois d'oublier tout ça et de me concentrer sur mon job. La vie est ainsi faite : passer à autre chose et aller de l'avant. Anderlecht a cru que j'allais aller au clash mais je suis revenu comme prévu et j'ai repris les entraînements", révèle-t-il.

‘’Être champion et puis partir dans un plus grand club’’

Anderlecht continue donc de profiter de l’apport conséquent de Kara Mbodj dans la course au titre de champion de Belgique.’’Le titre peut-il encore nous échapper ? Tout peut aller vite en football. N'oubliez pas qu'il reste encore six journées. Il faut rester les pieds sur terre et rester concentrés pour terminer en beauté cette saison’’, estime-t-il. L’ancien joueur de Tromso IL souhaite migrer en fin de saison. ‘’J'ai deux objectifs. Un : le titre. Deux : ça, je vous le dirai en fin de saison. (...) Je veux d'abord être champion et puis partir dans un plus grand club", dit-il. La Premier League pourrait enfin s’ouvrir pour lui. Tant il en rêve !

Adama Coly